top of page
  • Photo du rédacteurOcéane GUYON

L'impression 3D, une solution durable pour la mode ?

"C’est amusant de constater que les gens pensent que la nature est simple et la technologie complexe – c’est le contraire; la technologie est simple et la nature complexe.” a dit Iris Van Herpen, prouvant ainsi que l’utilisation de la technologie est plus facile pour un humain plutôt que sa propre maison qu’est la nature.

Le 16 juillet 1984, le premier brevet sur l'impression 3D a été déposé. L’impression 3D, aussi appelée la fabrication additive, regroupe toutes les technologies permettant de fabriquer un objet à partir d’un modèle numérique, en ajoutant de la matière couche par couche. Depuis une dizaine d’années, cette technologie s’immerge de plus en plus dans le milieu de la mode. En effet, de nombreux créateurs de mode et certaines grandes maisons de couture l’intègrent dans leur processus créatif. Cette technologie permet de simplifier les processus de production, de réduire les déchets et même de favoriser la production locale. Avec l’impression 3D, la liberté est totale : motifs complexes, formes géométriques précises, structures tridimensionnelles, travail minimaliste - parfois irréalisable par l’humain. Le monde de la mode vit une véritable révolution grâce aux technologies d’impression.

Toute la question est de savoir comment l’impression 3D a su s’imposer dans l’industrie de la mode, tout en évoluant rapidement d’années en années.



Les débuts de l'impression 3D dans la mode


Au départ utilisé dans les grands groupes industriels pour faire évo


luer les techniques de prototypage en série, la technique de l’impression 3D s’est ensuite développée dans l’industrie de la mode. Des artistes designers comme Iris Van Herpen ou Noa Raviv ont investi cette technologie dans le domaine de la haute couture. En effet, l’impression 3D dans l’industrie de la mode a d’abord été considérée comme œuvre d’art avant d’être pensée comme un vêtement portable au quotidien. L’utilisation de l’impression 3D permet aux designers de créer des pièces originales notamment grâce aux matières mais également avec l’argent, le nylon et l’acier mais également aux designs qu’elle peut produire, de plus en plus complexes. Les marques de mode sont à un moment important de transition vers la digitalisation et l’impression 3D s’inscrit dans cette mouvance, cette méthode permet d’allier le savoir-faire des artisans et les nouvelles technologies.





Cependant, cette technologie novatrice a connu ses limites depuis la création de la première imprimante 3D. En effet, elle repose sur le principe de la fabrication additive en superposant par couche un matériau comme le plastique, le métal ou le béton par exemple pour fabriquer un objet. Ainsi, même s’il n’y a pas de chutes lors de la production, il a été prouvé scientifiquement que des particules toxiques s’échapperaient des machines en fonctionnement puisque des filaments toxiques sont fondus.


L’impression 3D : un marché en expansion



Selon une étude menée par Global Data en 2019, le marché global de l’impression 3D est sur une courbe grandissante quelque soit les secteurs. En effet, la taille du marché mondial de l'impression 3D est estimée à 23,2 milliards de dollars en 2023, et devrait croître à un taux de croissance annuel composé de plus de 22% d'ici à 2026. L'industrie de l'impression 3D est sur une courbe ascendante, comme le montre le graphique.



Actuellement, il n’existe pas d’analyse quantitative sur l’impression 3D dans l’industrie de la mode particulièrement. Cependant, en 2019, le service d’impression 3D en ligne Sculpteo a interrogé mille professionnels, issus de différents secteurs d'activité, pour mieux comprendre comment ils utilisent la technologie de l'impression 3D. Comme nous pouvons le voir sur le graphique, les professionnels utilisent le plus souvent l'impression 3D pour le prototypage avec 55%, ce qui leur permet par exemple de présenter un modèle ou un concept de manière tangible. 43% s'appliquent sur les applications de l'impression 3D dans leur processus de production.


Quant à la mode, que nous pouvons tout de même associer au domaine de l’art dans cette étude puisque comme nous l’avons vu précédemment, en 2019, l'utilisation de l'impression 3D dans la mode avait un rôle d'œuvre d'art le plus souvent. Ici, elle ne concerne que 16% de l'ensemble des professionnels interrogés. Cependant, l'associer uniquement au domaine de l’art est réducteur puisque la technologie de l’impression 3D peut être également associée au 43% de la production.


De plus, Carolina Pinto, analyste pour Global Data, explique plus généralement que « Aujourd’hui, l’industrie souhaite s’étendre à la fabrication de masse. » ainsi, la mode pourrait s’inscrire dans cette mouvance comme l’intégralité des autres secteurs qui utilisent l’impression 3D, en créant par exemple des lignes de prêt-à-porter.



L’impression 3D aujourd'hui : une solution durable pour la mode.



Appelée fabrication additive, l’impression 3D s’est imposée ces dernières années comme une nouvelle manière de confectionner des vêtements par impression. Des vêtements aux chaussures en passant par les accessoires, cette technologie nous permet de voir la mode sous un nouveau jour. De plus, l’impression 3D pourrait à l’avenir répondre à certains enjeux comme celui lié à la durabilité. Qu’il s’agisse du prêt-à-porter ou de la haute couture, elle suscite un intérêt qu’elle n’avait jamais connu auparavant et confère aux créateurs une grande liberté inédite.

Au croisement de l’art, de la mode et de la technologie, l’impression 3D a de quoi fasciner.

En effet, c’est un outil qui repousse les limites du textile traditionnel.

Pour comprendre son impact, il suffit de s’intéresser à la créatrice de mode néerlandaise Iris Van Herpen et ses créations qui mettent en lumière les innombrables possibilités qu’offre l’impression 3D. Elle utilise des motifs complexes qui ressemblent à de la dentelle ou a du macramé, donnant ainsi une allure futuriste à ses tenues. Par la suite, l’impression 3D comptait parmi ses nombreux défilés et collections qu’elle présentera au public. En 2019, elle utilise la technologie Polyjet qui permet de fabriquer des motifs en forme de feuilles et sont placés directement sur un tissu fin et transparent, se fondant sur le tulle donnant par conséquent l’impression que la robe n’est pas faite de plastique.



Julia Daviy

L’utilisation de fibres recyclées connaît une évolution exponentielle et c'est grâce à cette

matière première que la créatrice de mode américaine Julia Daviy réalise ses créations par fabrication additive. Cette évolution nous permet de remarquer que cette impression n’utilise que ce dont elle a besoin pour créer une pièce : aucune chute n’est constatée. Une des raisons qui l'a poussé à se diriger vers cette innovation c’est son désir de réduire le nombre de déchets réalisé par l’industrie de la mode qui est nocive pour notre environnement. Elle souligne le fait que « Notre objectif n’a jamais été de démontrer la viabilité des vêtements imprimés en 3D et d’en rester là. Nous aurons atteint notre objectif lorsque ces vêtements magnifiques, confortables, fabriqués de manière éthique

et respectueuse de l’environnement seront la norme ». En repoussant les codes traditionnels, elle a conçu une collection de vêtements intitulée “The liberation”

Robe issue de la collection "The Liberation"

imprimés en 3D. La collection est constituée de 8 looks dont une robe composée d’un motif imprimé en 3D sur une machine SLA, c’est-à-dire l’utilisation de résines polymères thermodurcissables qui sont solidifiées couche par couche par laser UV, accompagné d’une doublure en organza de soie biologique. Julia Daviy a permis de faire évoluer la manière dont on peut utiliser les tissus et a incorporé cette innovation pour produire beaucoup moins de déchets. Elle offre une possible route vers une totale durabilité dans la mode en utilisant de la résine ou encore du silicium. Mais c’est l'impression 3D FDM qu’elle utilise pour créer des modèles. C’est un procédé permettant de déposer de la matière fondue à deux-cent degrés sur une surface plate mais aussi au niveau matériau elle utilise du TPE 70A qui est une bonne alternative et un très bon polyamide flexible qui est recyclable à 100% et énormément utilisé dans la fabrication de vêtements traditionnels.

Dans la continuité de cette évolution de la durabilité, le laboratoir D-House a, quant à lui, révolutionné les codes de production de vêtements de haute couture en combinant l’impression 3D avec le thermoformage qui consiste à travailler des matières sous une forte chaleur, de la façonner grâce à un moule pour lui donner une forme. Elle révolutionne aussi la maille avec des motifs 3D et présente des modèles en laine mérinos associés à l’impression 3D et au thermoformage.


Après le monde de la haute couture, c’est le secteur du prêt-à-porter qui trouve lui aussi du potentiel dans cette innovation.


Vers une popularisation de l’impression 3D dans le prêt-à-porter


Au-delà de son aspect très haute couture, l’impression 3D est devenue davantage accessible pour les professionnels du prêt-à-porter. Elle pourrait dans l’avenir concevoir les vêtements de demain car elle répond à des critères du secteur comme l’éco-conception, création en petites séries, le sur-mesure doit donc être au service de l’humain et de l’environnement.


De plus en plus, les clients sont à la recherche de vêtements confortables et agréables à porter au quotidien. Mais trouver ce qui nous convient n'est pas toujours facile, surtout lorsque la plupart des grandes marques ne conviennent pas à toutes les morphologies. Peu connus du grand public, les scans corporels 3D permettent de prendre des mesures très précises du corps des consommateurs afin de créer du sur-mesure. Quelques créateurs en ont déjà compris l’enjeu potentiel de cette technologie. C’est le designer Ganit Goldsteinn, qui réalise des vêtements adaptés aux courbes de chacun grâce à l’utilisation du scan corporel. C’est une vraie évolution dans ce milieu qui permet une personnalisation totale. Mais c’est une startup française, Endeer qui lance un soutien-gorge appelé “Shape” imprimé en 3D. Sa spécificité ? Composé d’une armature, les femmes peuvent avoir la possibilité de faire fabriquer un soutien-gorge totalement adapté à sa propre morphologie.


La question qui nous brûle les lèvres, ce serait sans doute celle liée au coût. En effet, connue pour être très onéreuse, l’impression 3D n’est pas encore accessible au grand public. Son prix peut varier, il oscille entre 5000 et 8000€. Ce qu’on a pu observer c’est une “baisse de 50 % du coût de l'objet moyen imprimé en 3D entre 2013 et 2018, selon Christian Hartung, PDG de VOJD Studios.” selon le site Business of Fashion.


Ainsi, comme pour le secteur industriel, qui a vu des évolutions sur les imprimantes 3D comme l’accessibilité à moindre coût pour les entreprises puis l’appropriation par le particulier, l’industrie de la mode ne devrait pas faire exception. Comme le souligne, Serssar et Tossa en 2018 « Grâce à la commercialisation des imprimantes 3D à moindre coût et l’expiration des brevets d’invention, l’utilisation de ces machines à augmenté chez la population générale, notamment chez les amateurs de bricolage et de do it yourself. »

En effet, face à la croissance exponentielle du marché mondial, les recherches et évolutions devraient permettre de rendre plus accessible l’impression 3D à la fois aux designers mais également aux amateurs.




Actuellement, l’impression 3D reste rarement utilisée dans le prêt-à-porter et surtout très onéreuse mais elle continue son évolution dans tous les secteurs et la mode ne fait pas exception. Elle suscite l’intérêt de l’industrie de la mode à l’ère de la digitalisation. Avec le temps et les évolutions, l’impression 3D a tout le potentiel pour devenir une solution durable face aux problèmes de l’industrie mais également s’installer dans le foyer des consommateurs et passionnés de mode.




Téa Quinard, Iman Lachhar et Océane Guyon








Sources :


Définition impression 3D :

Chiffres et graphiques :

Évolutions :

Évolution des tissus / Popularisation de l’impression 3D:



7 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page